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La Nation Fluide
Le Liban de cet été rappelle le Liban d'avant le délitement financier et l'explosion du 4 août 2020.
Une sorte de destination touristique en transe. Une énergie qui défie les règles de gravité et à la limite de la bienséance.
Les enquêtes et les audits ont été soigneusement rangés dans les tiroirs et aucun des responsables de le crise et/ou de l'explosion ne sont inquiets. Les complications s'empilent dans l'indifférence: Les désignations aux postes clefs sont gelées et les perspectives de réformes sont devenues inexistantes... En fait, nous avons l'impression que personne ne cherche à régler les problèmes, comme si, suite à cette faillite généralisée, la décomposition de l'Etat moderne s'impose.
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Ainsi, nous accueillons l'afflux de "touristes" cet été avec enthousiasme. Les restaurants sont pleins à craquer, les routes sont congestionnées, mais nous sommes toujours sans électricité, toujours sans infrastructures, toujours sans justice, et toujours sans personne pour s'insurger ou manifester.
Pour certains, cela s'appelle résilience, pour d'autres, insouciance. Pour moi, il s'agit du génome Phénicien: La question n'est pas de savoir si "l'ordre républicain" sera rétabli ou pas mais de savoir si la nation s'adaptera à la litanie du désordre sans se désintégrer.
Le professeur de préhistoire, Maria Eugenia Aubet a défini les phéniciens en ces termes: "un peuple sans état, sans territoire et sans unité politique"
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Finalement rien n'a changé. L'unité politique a rarement existé au Liban, nous avons toujours été plus nombreux à l'étranger qu'au Liban intramuros et notre "Etat" est aux abonnés absents.
Cela ne nous empêche pas de prospérer, mais à l'étranger. Ainsi, les Phéniciens ont vécu en dehors des cités Phéniciennes du "Liban" donc dans les "colonies" de Crètes, de Chypre, de Malte, de Sardaigne, de Carthage, de Marseille, de Cadix, de Lisbonne...
Parce qu'évidemment, ces touristes que le Liban accueille cet été sont essentiellement des Libanais de l'étranger, notre diaspora, nos filles et nos fils prodiges d'outre-mer. Ils constituent le vivier de la nation, souvent des diplômés et des personnes qualifiées, brillant dans leurs métiers.
Autrefois, les Phéniciens, nos ancêtres, n'étaient pas seulement d'adroits navigateurs. Ils étaient aussi d'excellents agriculteurs, de talentueux artisans et de chevronnés commerçants. Nos entrepôts et notre présence étaient acceptés par les locaux car nous leur prodiguions un savoir-faire! Souvent cette valeur ajoutée était la viticulture. En feuilletant les brochures des caves à vin en Espagne et au Portugal, il n'est pas rare de retrouver les racines Phéniciennes de la culture du vin... même en Crète, en Sardaigne, à Malte...
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Le parallèle entre visa long séjour et apprentissage du vin me font sourire!
Evidemment, le cycle peut durer 3 à 5 ans entre les premières plantations et le vin... Durant cette période, le malicieux Phénicien pouvait vaquer à d'autres activités, découvrir de nouveaux métiers et devait donc s'intégrer à la société locale. Un apprentissage qui tournait à l'échange. Car une fois la formation terminée, le Phénicien rapportait son savoir-faire ou sa richesse nouvellement acquise à sa cité d'origine, et ainsi, l'échange était mutuellement bénéfique et surtout pacifique.
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Finalement rien n'a changé, nous sommes toujours un pays sans présidence, sans souveraineté, ce qui nous rassemble c'est le houmous; nous continuons à être une nation à géométrie variable, une nation fluide à la recherche de l'enrichissement individuel et en attendant le nouveau chaos pour pousser plus loin les frontières du savoir et des aventures...
Santé Zénon! Le seul philosophe phénicien connu; à croire qu'il aimait tellement le vin, qu'il en est mort pour en avoir trop consommé!
Massaya prône une consommation responsable.
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